Des fondations lui ayant permis de ne pas “prendre la grosse tête”

George Russell avait révélé plus tôt cette année avoir remboursé 2 millions d’euros environ à ses parents pour tous les sacrifices effectués au moment de créer sa carrière. Le pilote Mercedes F1 détaille les sacrifices en question, mais aussi la perception qu’il en avait enfant, et la manière dont il a compris ce qu’a fait son père pour lui en devenant adulte.
“Pour être honnête, je ne connaissais rien d’autre, car je me suis lancé et je gagnais des courses, j’étais rapide” raconte Russell. “Je pense que je ne m’en rendais pas compte parce que mon père était très dur avec moi. J’ai toujours eu l’impression de ne pas être à la hauteur pour lui.”
“Quand je faisais du karting, à l’époque, il n’y avait pas vraiment d’analyse de données. On n’avait même pas les chronos pendant les journées d’essais. C’était littéralement mon père avec un chronomètre. Et j’ai compris, après environ cinq ans, qu’il arrêtait le chrono toujours un peu tard, donc mes temps au tour semblaient plus lents qu’en réalité.”
“Il me donnait les chronos des autres pilotes pendant les essais et je pensais toujours que j’étais lent. Puis j’arrivais en course, je signais la pole et je gagnais, et j’étais complètement perdu en tant qu’enfant. Je me disais ’je suis toujours lent pendant les essais, mais en course je gagne. Pourquoi ?’”
“Avec le temps, j’ai compris qu’il faisait ça pour ne pas que je prenne la grosse tête ou que je sois trop confiant, et ça a été une leçon incroyable et importante pour moi. Il partait le matin avant que je ne me réveille pour aller à l’école, et ne rentrait que vers huit ou neuf heures du soir, quand j’étais déjà couché.”
“Donc je ne voyais pas mon père de la semaine. Puis, le vendredi soir, on montait dans le van et on faisait le tour du pays. Et si le week-end de course se passait mal, il criait, hurlait, me poussait vraiment à bout.”
“Quand j’étais petit, je me disais ’je ne vois jamais mon père. Et quand je le vois, il est fâché contre moi et j’ai l’impression de le décevoir.’ C’était vraiment dur. Mais ce n’est qu’à l’âge de 17 ans que j’ai compris, pas seulement l’investissement financier, ce qui est déjà énorme, mais surtout l’investissement en temps qu’il avait fait pour moi.”
“Il a dû travailler comme un fou pour me donner cette chance. Et dès qu’il avait un moment de libre, il m’emmenait partout. Je n’ose imaginer la pression et le stress qu’il devait lui-même supporter. Au final, ces années, de mes 7 à 13 ans, m’ont forgé en tant que personne, et je lui dois tout ça.”
Désormais, la relation entre les Russell est bien meilleure, puisque le père de George s’est éloigné de la carrière de son fils lorsque celui-ci a rejoint les rangs de l’académie Mercedes, à l’âge de 17 ans.
“C’est beaucoup mieux. Et il est là en tant que père, contrairement à l’époque où il était à la fois mentor, mécanicien, chauffeur à travers tout le pays et investisseur. Il était tout à la fois. Et, bien sûr, il m’a vu grandir, enfant puis adolescent, et il voulait me donner cette opportunité, prêt à tout mettre en jeu pour cela.”
“Ce n’est que lorsque j’ai signé avec Mercedes à 17 ans qu’il m’a presque passé le relais. Nous avons eu une très bonne discussion lorsque cela s’est produit et je lui ai fait part de mon point de vue : je voulais qu’il soit là en tant que père et rien de plus.”
“C’est pourquoi, lorsqu’ils viennent aux courses, ils ne se tiennent pas devant la télévision. Ils restent discrets. Ils ne veulent pas être sous les feux de la rampe, ni donner d’interviews. Ils veulent simplement être là en tant que parents.”
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